Martin, sexe faible : Journal, Antoine Piwnik

Et si les femmes étaient au pouvoir et que les hommes étaient le sexe faible ? Martin, trente ans, journaliste cantonné à la rubrique people doit faire face au harcèlement sexuel au travail, dans la rue, … dans la vie de tous les jours. D’ailleurs, il a bien du mal à supporter cette misandrie dans la vie quotidienne. Les femmes ont les meilleurs postes, les hommes font attention à leur image, Bernadette Chirac était présidente, les Menschen militent les fesses à l’air, Adriana Karembeu est footballeuse, les hommes sont hystériques s’ils dénoncent le sexisme ambiant, etc. En plus de tout cela, Martin vit mal son célibat prolongé et son andrologue le met en garde contre son horloge biologique : dans un an il sera stérile. Il lui faut donc trouver une femme et faire un enfant. Le compte à rebours est lancé.

Ecrit sous forme de journal, Martin nous raconte sa quête de l’amour et du bonheur, tout en se questionnant sur sa condition d’homme dans une société matriarcale afin de nous montrer à quoi ressemblerait une société dans laquelle les hommes seraient traités comme les femmes le sont. Eh bien, elle serait sans doute semblable à cette comédie dans laquelle Antoine Piwnik propose une savoureuse inversion des rôles. James Bond est remplacé par Jane Bond, Le Bon, la Brute et le Truand devient La Bonne, la Brute et la Truande et Gertrude Schopenhauer a écrit cette magnifique phrase : « Les hommes sont comme des miroirs. Ils réfléchissent mais ne pensent pas. » Et Martin, comme tous les hommes, doit subir harcèlement et dénigrement sans broncher, sous peine de passer « pour des relous de virilistes » :

« – Ça suffit avec ces histoires sur les blonds franchement. C’est tellement ringard…
– Oh quoi, c’est marrant non ?
– Ben non, c’est juste sexiste.
– Ah, t’es viriliste, en fait ?
Voilà. Dès qu’une blague est raciste tout le monde s’offusque mais quand on trouve ça sexiste, on passe pour des relous de virilistes. »

Je l’avoue, j’ai parfois hésité à rire car, si le sujet est traité avec humour, il est certain que le sexisme de notre société est traité avec justesse. Le féminisme – ou plutôt le virilisme – n’est pas tourné au ridicule même si, bien sûr, les virilistes sont perçus comme des hystériques. Finalement, cette société matriarcale, dénoncée sur le ton de l’humour, est vraiment crédible et on se laisse prendre au jeu, même si l’intrigue n’a rien d’extraordinaire.

Une satire inversée qui peut faire prendre conscience – si l’on ne s’en est pas encore rendu compte – des inégalités hommes-femmes encore bien trop fortes. Une comédie jouissive (il faut quand même l’avouer !) qui se lit très vite et que tout le monde devrait lire, à moins de découvrir la websérie éponyme.

« Journée caniculaire ! Je n’ai pas résisté, j’ai enfilé mon slim blanc et bing, ça n’a pas loupé, je me suis fait harceler dans le métro. C’est frappant comme la violence du harcèlement est toujours contrebalancée par un lexique en apparence respectueux ; à base de ‘’Hé, monsieur… franchement vous êtes trop joli ! Franchement. Pas bien rasé, la petite pomme d’Adam qui va bien, non franchement j’adore’’.
Le problème c’est que la fille qui vous fait ce compliment a un pied sur la vitre et écarte les jambes. Mais comme elle n’est pas ‘’agressive’’ à proprement parler, la réponse ne peut être qu’un sourire gêné.
C’est après que ça se gâte.
Devant mon silence, la fille se met à tchiper. ‘’Eh ! Je vous fais un compliment et vous répondez pas ?’’
Je tente un timide : ‘’C’est bon, là, vous me laissez tranquille ?’’
Elle se lève et, avant de sortir, me balance ‘’va niquer ton père’’. »

Merci aux Editions des Équateurs pour l’envoi de ce roman !

Ornements

Equateurs1605_MartinSexeFaibleJournalEt si les hommes étaient le sexe faible ? Martin, 30 ans, a bien du mal avec ce monde où les femmes ont le pouvoir : harcèlement sexuel, misandrie au travail, pression familiale.
D’autant qu’il ne vit pas très bien son célibat prolongé, et qu’une impitoyable andrologue a affolé son horloge biologique.
Pour trouver sa princesse charmante et crever le plafond de verre de Direct Info, où il se trouve cantonné à la rubrique people, Martin va devoir se battre. Quitte à prendre quelques coups, au sens propre comme au figuré.

Comédie romantique à l’envers, le journal de Martin, dénonce le sexisme ordinaire.

Editions : des Équateurs ♦ Date de parution : 19 mai 2016 ♦ Nombre de pages : 340 p. ♦ Prix : 15,00€

Ornement 1

Scénariste, producteur de télévision, Antoine Piwnik est avec Juliette Tresanini et Paul Lapierre co-auteur de la websérie Martin, sexe faible diffusée sur Studio 4. (Source)

3 commentaires sur « Martin, sexe faible : Journal, Antoine Piwnik »

  1. Le sujet m’intéresse beaucoup et j’ai hâte de découvrir ce que ça donne d’inverser les « rôles ». Cela promet une bonne découverte ! Je ne connais pas la websérie mais il faudrait que je regarde

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