Anomalia, Laura Gustafsson

Anomalia est un court roman qui relate trois destins bien distincts. Le thème ? Les perversions humaines, la cruauté dont les êtres humains sont capables, l’animalité qui sommeille en chacun. En 1920, alors qu’une meute de loups terrorise les villageois, le pasteur Singh recueille deux fillettes sauvages. Dans son orphelinat, il espère civiliser les jeunes filles bien qu’elles aient grandi parmi les bêtes. Bien des années plus tard, une hôtesse de l’air découvre sa grossesse – non désirée et tardive – et apprend que son enfant est atteint de trisomie. Refusant l’avortement, elle prend une décision étrange et dérangeante. A la même époque, un jeune enfant décède sous les coups de son beau-père. Bien sûr, le fait-divers défraie les chroniques.

Si le début est excellent, malgré une introduction assez moralisatrice mais juste, je dois avouer que j’ai rapidement changé d’avis sur ce livre. L’écriture, le style, le vocabulaire, varient selon les histoires. D’une fausse introduction au journal intime, en passant par la pièce de théâtre, Laura Gustafsson n’hésite pas à mélanger les genres, quitte à se perdre et à nous perdre. On change régulièrement de point de vue et la qualité est franchement inégale. Pourtant, une partie nous marquera de manière indélébile : celle du calvaire de Baby P (Le Livre de Baby P.), cet enfant qui évolue auprès d’une mère immature et – avouons-le – carrément débile et d’un beau-père sadique, violent et pervers. La vaisselle sale s’entasse, les crottes de chiens s’accumulent, les coups partent, les bleus sont dissimulés à coups de « Baby P. est un bébé turbulent, comme tous les petits garçons », les assistantes sociales ferment les yeux alors que le calvaire de l’enfant saute aux yeux, les assistantes sociales et la police doivent s’occuper de ce qui les regarde, les voisins minimisent la situation, et ce qui devait arriver arriva : Bébé P. n’est plus, il ne reste plus que les yeux pour pleurer.

Trois destins bien distincts, mais tous frôlent l’horreur à leur façon. Heureusement, la noirceur de ces récits, de ces vies, est parfois éclaircie par à une touche d’humour. Cependant, malgré ce portrait réaliste et glaçant du monde dans lequel nous évoluons, le roman est trop inégal.

Merci aux Editions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman !

Ornements

9782246854074-001-XDans les années 1920, au cœur de la forêt indienne, une meute de loups terrorise les villageois. Parmi ces bêtes, deux têtes blondes – deux fillettes sauvages, bientôt recueillies par le pasteur Singh dans son orphelinat pour être « civilisées ».
Quelques années plus tard, une hôtesse de l’air, enceinte, apprend que son enfant est atteint de trisomie, et prend alors une décision aussi étrange que fatidique.
Le même jour, un fait divers atroce défraie la une de tous les journaux anglais : la mort d’un tout jeune enfant, martyrisé par une mère immature et un beau-père sadique.
À travers ces trois destins entremêlés, Laura Gustafsson dresse avec audace et humour le portrait glaçant du monde que nous partageons, gouverné par la cruauté, la bêtise et l’indifférence. Un monde où, plus que jamais, l’homme est un loup pour l’homme.

Editions : Grasset ♦ Traduit du finnois par : Claire Saint-Germain ♦ Date de parution : 10 février 2016 ♦ Nombre de pages : 304 p. ♦ Prix : 20,00€

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lauragustafssonLaura Gustafsson est née en Finlande en 1983. Féministe engagée, auteur de pièces de théâtre, de pièces radiophoniques, de nouvelles et de divers projets artistiques à la croisée de l’écriture et de la recherche scénique et plasticienne, elle a déjà publié chez Grasset un premier roman très controversé, Conte de putes (Grasset, 2013). Anomalia est son deuxième roman. (Source)

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