Au paradis des manuscrits refusés, Irving Finkel

La Bibliothèque des Refusés est un établissement comme nous n’en avons jamais vu : c’est un lieu dans lequel quelques bibliothécaires, et autres personnages haut en couleur, recueillent et sauvegardent les textes refusés par les éditeurs. Qu’il s’agisse de littérature, de mémoires, de poésie ou autres, peu importe, avoir essuyé plusieurs refus suffit à rendre un texte intéressant. La Bibliothèque des Refusés évolue paisiblement mais l’ordre tranquille qui y règne est régulièrement troublé par des intrus.

Je dois avouer que les premières pages de ce Paradis des manuscrits refusés m’ont laissé perplexes. Au début, il y avait beaucoup de dialogues et si cela s’estompe au fil des pages, ce roman n’en est pas moins constitué de nombreux échanges entre les différents protagonistes. Pourtant, peu à peu l’intrigue s’installe. Les personnages luttent sans cesse contre des éléments perturbateurs : une insupportable bibliothécaire venue de Californie qui apporte des poissons d’argent qui infestent la bibliothèque, une actrice qui se fait passer pour une étudiante afin de dénicher des idées pour un prochain film, un homme qui souhaite récupérer le manuscrit de son beau-père, des gens qui veulent faire un documentaire sur cette bibliothèque insolite, etc. Autant de personnages aux intentions pas toujours mauvaises mais qui sont perçus comme des intrus dont il faut se débarrasser au plus vite. C’est ainsi que de nombreuses situations cocasses se créent, comme cette scène avec des cambrioleurs qui se retrouvent finalement invités dans la bibliothèque. Le tout est ponctué par quelques lettres de refus écrites sur le même ton empreint d’humour.

« En dépit des quarante-sept rudes années que je viens de passer dans l’édition, je ne parviens pas à comprendre comment quelqu’un peut oser écrire un manuscrit tel que celui que vous nous avez envoyé. C’est peu dire que cela relève d’un scandaleux gâchis de papier dactylographié.

Vous êtes, monsieur, un affront vivant à tous les arbres qui poussent sur cette planète. »

« L’écriture en vers est un Art
Que nul ne maîtrise au hasard ;
Or, vos efforts
Vous donnent tort :
Vous ne convaincrez nulle part. »

Une lecture agréable, pleine d’humour grâce à une multiplication de scènes cocasses, voire burlesques. Les personnages défendent leur singulière forteresse de toute intrusion étrangère et d’amputation, telle une secte refusant de s’ouvrir à l’inconnu. La profusion des dialogues fait que ce roman se lit comme une pièce de théâtre comique. Mais derrière cette bonne dose d’humour se cache une question intéressante : « la littérature publiée (a-t-elle) plus de valeur que la littérature impubliée ? » Une ode, donc, aux livres en tout genre, peu importe qu’il ait été publiés ou non.

Merci aux Editions JC Lattès qui m’ont permis de découvrir ce roman !

Ornements

9782709656221-001-X_0La Bibliothèque des Refusés est un établissement des plus singuliers : elle recueille – plus encore, elle sauvegarde – tout texte ayant essuyé refus sur refus de la part des éditeurs. Littérature, poésie, mémoires, récits épistolaires… tous les écrits trouvent leur place sur les étagères de la Bibliothèque des Refusés. L’arrivée impromptue d’une insupportable bibliothécaire américaine, l’imposture d’une actrice se faisant passer pour une étudiante dans l’idée de voler des idées pour son prochain film, la menace de cambrioleurs convaincus de trouver là le gros lot, sans compter l’irruption de nombreux aspirants écrivains… autant de mésaventures qui viennent perturber l’ordre tranquille de la Bibliothèque.
Entre personnages hauts en couleur et situations cocasses, le tout dans un irrésistible humour british, La Bibliothèque des Refusés est également une merveilleuse déclaration d’amour aux livres et aux manuscrits en tout genre.

Editions : JC Lattès ♦ Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par : Olivier Lebleu Date de parution : 9 mars 2016♦ Nombre de pages : 250 p. ♦ Prix : 19,00€

Ornement 1

000000159740_L_FINKEL+IrvingConservateur au Département du Moyen-Orient du British Museum de Londres, Irving Finkel est en charge de la plus grande collection de tablettes d’argile cunéiformes au monde. Il est l’auteur deL’Arche avant Noé (Lattès, 2015), dans lequel il relate la passionnante histoire du Déluge. Il se tourne du côté de la fiction avec La Bibliothèque des Refusés. (Source)

8 commentaires sur « Au paradis des manuscrits refusés, Irving Finkel »

    1. C’est une agréable lecture avec une belle idée de départ, mais ce livre ne me marquera pas sur le long. Il faut que je me rende à l’évidence : même si ce genre de livre est agréable, je ne suis pas friande de ce type d’humour. Une bonne découverte malgré tout.

    1. Si tu aimes l’humour par le biais de situations cocasses, ce livre peut te plaire. Pour ma part, je l’ai trouvé agréable mais sans plus. Je retiens surtout les différentes lettres de refus et la réflexion sur la valeur de la littérature impubliée. Sinon, ce n’est vraiment pas mon genre littéraire de prédilection. Je n’aime pas quand c’est trop « tiré par les cheveux » et pour le coup ça l’est… dommage, ce roman me semblait prometteur.

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