D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan

d-apres-une-histoire-vraie-de-delphine-de-viganAprès l’immense succès de son roman consacré à sa mère, Delphine est en plein désarroi. Elle est confrontée au problème que tout écrivain redoute : la page blanche. Qu’écrire après cela ? Est-il seulement encore possible d’écrire après un tel livre ? Va telle creuser un peu plus dans son passé et se dévoiler une fois de plus ? Ou va-t-elle plutôt choisir la fiction ? Et si elle n’était pas à la hauteur ? Et si l’imagination s’était envolée ? En outre, Delphine est lasse de s’expliquer en boucle. Afin de rassurer ses proches et son éditeur, elle feint des projets de livre. Elle cache aussi les lettres de menaces qu’elle reçoit. C’est là, dans cette période confuse, dans cette période où elle est si fragile, qu’elle va rencontrer L., lors d’une soirée. L. est une femme de son âge. L. met immédiatement Delphine à l’aise. Mais surtout, L. semble déjà la connaître. En fait, L. est une amie, une vraie, toujours disponible, toujours à l’écoute, toujours aux petits soins. L. semble deviner chacune des pensées de Delphine, et, au fil du temps et des rencontres, les deux femmes se découvrent de nombreux points communs. C’est ainsi que Delphine a commencé à admirer L. et qu’elle l’a laissé entrer dans sa vie…

D’après une histoire vraie est un « roman » qui se dévore, tel un bon thriller. Le lecteur s’immisce dans une relation amicale entre deux femmes, Delphine et L. Une relation qui, peu à peu, devient exclusive, une relation qui a quelque chose de vampirique. L. a une emprise certaine sur Delphine et il devient vite évident qu’elle la manipule. La tension est palpable, monte crescendo et devient oppressante car la frontière entre le vrai et le faux est mince. Qui est L. ? Là est la question. En outre, Delphine de Vigan se met elle-même en scène. Elle parle de son compagnon, François (Busnel), de son roman Rien ne s’oppose à la nuit, de ses rencontres avec les lecteurs. Elle cite des auteurs, elle nous donne de nombreux éléments que nous savons véridiques. Delphine de Vigan joue avec la frontière entre réalité et fiction de manière intelligente et habile et l’on a bien du mal à discerner le vrai du faux, le réel du fictif, d’autant plus qu’elle s’amuse aussi avec le doute et la folie.

Avec ce roman aux allures de thriller psychologique, l’auteure offre donc une belle réflexion sur le travail d’écriture, sur la part de réel et de fiction qui constitue un récit. Le tout est mené par une plume habile, fluide et agréable. Si vous ouvrez D’après une histoire vraie, il vous sera très difficile de le lâcher, et, même une fois le livre refermé, vous vous interrogerez encore…

« Où est la vérité ? Où est la fiction ? N’y avait-il pas toujours, dans la fiction une part de nous-mêmes, de notre mémoire, de notre intimité ? »

Sans titre 1

« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. »

Editions : JC Lattès ♦ Date de parution : 26 août 2015 ♦ Nombre de pages : 484 p. ♦ Prix : 20€ ♦ Prix Renaudot 2015

Ornement 1

Delphine-de-ViganDelphine de Vigan est une romancière française dont le premier roman, Jours sans faim, est paru en 2001 aux éditions Grasset sous le pseudonyme de Lou Delvig. Elle est notamment l’auteur de No et moi, Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma, des Heures souterraines (2009) et de Rien ne s’oppose à la nuit (2011), Prix Fnac, Grand prix des lectrices de Elle et Prix Renaudot des lycéens. Ses livres sont traduits dans le monde entier.

6 commentaires sur « D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *